ADONIS - VIDEO
PROGRAMME (Extrait, février 1991) -

I – Harcelé, pourchassé par Eros, Adonis s’obstine à refuser l’amour. Premier appel du Vent de Thrace.
- Les Nymphes I et II : rôles d’échos ou
d’augures.

II - Nymphe III : Prière au Vent de Thrace.
Aphrodite paraît.
- Adonis surpris, tenté. Aphrodite reste
impuissante à le détourner de la chasse.

III – La colère d’Aphrodite a eu lieu.
Evocation de l’Arbre de Myrrha. Eros
rappelle Aphrodite.
- Adonis résout d’affronter le sanglier.

IV - Confrontation Aphrodite-Eros.
Les Nymphes ramènent Adonis mourant
Adonis est dédié par son auteur « aux paysages, aux montagnes, et aux hommes du Liban - le pays d’Adonis ». La composition du texte s’étend de 1979 à 1987. La pièce est créée en février 1991 à Paris, Théâtre de la Cité Internationale, en coproduction avec l’Institut du Monde Arabe par des acteurs libanais et français.

Par le mythe de cet être à la beauté légendaire, que tout l’amour d’Aphrodite ne suffit pas à détourner de la chasse où il trouve la mort, le spectacle tente de transcender la tragédie réelle d’un pays déchiré par la guerre.

Adonis représente chacun des hommes qui ont soif d’autre chose, à qui ce qui existe ne suffit pas. Adonis brûle en lui-même. Conscient de son impuissance de mortel et refusant néanmoins toute résignation, il se porte à des actes extrêmes. On dirait qu’il cherche à se briser dans son propre épanouissement.

Pris entre l’arbre de Myrrha (la mère d’Adonis) et le spectre du vent de Thrace (le pays d’Arès dieu de la guerre) nymphes et dieux s’opposent vainement au destin. L’impuissance d’Adonis à se saisir entièrement lui-même semble bien cette impuissance essentielle en chacun des hommes - en chacun de nous.


De la terre d’Adonis - de la terre meurtrie par la guerre -, tout le sang répandu voit naître une fleur nouvelle, couleur chair et sang. C’est déjà le drapeau rouge et blanc frappé du cèdre, qui nous dit que notre vie tient à un souffle. Et c’est le vent - le rien d’un souffle - qui donne son nom à l’anémone née du sang d’Adonis.





NOTES -


Les deux figures de « l’Arbre de Myrrha »
et du « Vent de Thrace », personnages
invisibles, agissent dans la pièce comme
deux personnages réels.

. La Thrace est le pays d’Arès dieu de la
guerre, Arès qui prendra la forme du
sanglier meurtrier d’Adonis. La figure du
« Vent de Thrace » traverse les vers dès la première scène, et de plus en plus sensiblement. Ce vent froid prépare la catastrophe et annonce la mort d’Adonis.
. Myrrha fut changée en arbre pour s’être incestueusement unie à son père.
De même que le Vent de Thrace s’y fait de plus en plus pressant, la figure de cet « arbre du malheur » pèse de plus en plus précisément sur la pièce, pour atteindre sa forme achevée avec le dénouement.

Les larmes que versa Myrrha en mettant Adonis au monde sont l’origine de la myrrhe - l’or se doit aux rois, l’encens aux dieux ; la myrrhe : à l’homme.
Du sang qu’Adonis répand sur la terre mourant naîtra l’anémone – du grec anemos : le vent.

Tombez, feuilles, tombez ; et faites-vous en nombre
Cet ondoyant tapis qui vêt la terre sombre…
Tombez, feuilles ! Jonchez, sans l’ombre d’un remords
Les noirs, les froids chemins qui mènent chez les morts ;
Par où même, certains choisissent d’y descendre...

Si nos espoirs de fruits gisent réduits en cendre,
La fleur, l’ardente fleur qui tient son nom du vent
Témoigne qu’Adonis est à jamais vivant…


(Adonis © Théâtre d’Art Paris 1997-2008)